
Qu’est-ce qu’un talent pour un dirigeant de PME-ETI aujourd’hui ? Pourquoi les PME-ETI françaises manquent-elles de talents ? Comment faire face à cette pénurie ? Une enquête éclairante de Bpifrance Le Lab apporte des éléments de réponse et donne des clés pour progresser.
Qui dit « talent » ne dit pas forcément « mouton à 5 pattes » ou « perle rare »
Premier constat de l’étude « Attirer les talents dans les PME et les ETI » publiée par Bpifrance Le Lab*, la notion de « talent » dans les PME françaises est bien plus pragmatique et moins élitiste que dans les grandes entreprises. Elle n’est ainsi « pas réservée au top management, ni conditionnée par le diplôme ».
Si l’on devait dresser le portrait-robot du « talent » selon un dirigeant de PME-ETI, ce serait « un salarié avec un savoir-faire supérieur à la moyenne combiné à un réel savoir-être, proche des valeurs de l’entreprise, force de proposition et difficile à remplacer en cas de départ ». Les PME françaises ont donc une « vision plus inclusive » de la notion de talent qui, selon l’étude, irrigue chez elles « toutes les fonctions de l’entreprise, à tous les étages ».
Un manque de talents fortement corrélé aux difficultés à recruter et à fidéliser
Trois chiffres retiennent l’attention :
- 57 % des dirigeants de PME-ETI estiment manquer de talents pour grandir ou franchir un cap ; pour une PME-ETI sur deux, la pénurie de talents est même vue comme un frein à la croissance de l’entreprise.
- 83 % des PME-ETI éprouvent des difficultés de recrutement ; 42 % concèdent être confrontées à la fuite de compétences clés.
- 50 % des PME-ETI veulent plus de talents. Elles ont en commun d’être « plus grandes que la moyenne, avec une croissance plus forte et une propension supérieure à innover et à aller à l’international ».
L’étude révèle que « le sentiment de manquer de talents augmente graduellement avec la taille de l’entreprise » ; une conclusion étonnante, qualifiée de « constat contre-intuitif ».
Source BpiFrance Le Lab
Les raisons invoquées pour expliquer les difficultés à recruter et fidéliser sont nombreuses. Pêle-mêle, on y trouve :
- l’implantation géographique (pour 37 % d’entre elles),
- la pénurie de compétences (qui touche en premier lieu les profils opérationnels et commerciaux),
- le manque d’attractivité face aux grandes entreprises,
- une (trop) grande exigence de recrutement,
- un déficit de compétences RH.
Bpifrance suggère de travailler collectivement pour changer le regard des jeunes sur les PME. © Mykyta
Cinq mesures pour étancher la soif de talents des PME-ETI
L’étude délivre enfin de précieux conseils aux dirigeants de PME-ETI pour contrer ces difficultés et faire valoir leurs atouts. Des atouts qui, rappelle Bpifrance Le Lab, sont nombreux à entrer « en résonance avec les attentes des salariés » : ce sont notamment « des entreprises conviviales, dans lesquelles les dirigeants sont proches de leur équipe, avec une culture et des valeurs fortes, pratiquant un management responsabilisant (…), reconnaissantes envers leurs collaborateurs, plutôt solides et pérennes ».
Dès lors, comment faire en sorte d’attirer des talents ? Bpifrance Le Lab développe trois mesures propres à chaque entreprise :
- définir ses besoins et mettre en place une stratégie RH solide (or, « la direction RH est traditionnellement la dernière à être structurée dans une PME ») ;
- muscler le management de l’entreprise (car « un bon manager est un levier fort pour attirer et garder des talents ») ;
- accroître son attractivité grâce au développement d’une marque employeur (« une démarche qui peut être mise en place sans seuil de taille ou de volume de recrutement »).
S’y ajoutent deux mesures auxquelles il conviendrait de s’attaquer collectivement :
- changer le regard des jeunes diplômés sur la PME ;
- créer des labels employeurs collectifs.
Autant de recommandations concrètes à suivre, a fortiori dans un contexte de reprise économique marqué par des prévisions de recrutement à la hausse.
* Publiée en janvier 2018, cette étude s’appuie sur une enquête quantitative réalisée en février-avril 2017 (1 931 réponses exploitées dont 74% d’entreprises de moins de 50 salariés), une étude qualitative « Dans la tête des talents » (janvier-février 2017) ainsi que des entretiens semi-directifs de dirigeants de PME-ETI (mai-juin 2017).
[FOCUS] Manquer de talents : un sentiment partagé, des réalités très diverses
Derrière le manque de talents se cache une réalité protéiforme selon l’étude Bpifrance Le Lab. Petit tour d’horizon de ce qu’englobe cette notion pour les PME-ETI françaises.
- Ne pas accéder aux meilleurs, recruter par défaut
- Avoir des difficultés à recrutement sur des postes clés
- Faire face à une pénurie de compétences sur son marché
- Être en sous-effectif
- Éprouver des difficultés à garder les meilleurs
- Constater un défaut d’engagement de ses collaborateurs
- Constater des lacunes professionnelles au sein de ses équipes ou de sa direction
- Penser que l’entreprise pourrait être plus forte si elle intégrait plus d’éléments de valeur