
La crise sanitaire actuelle renforce le rôle du manager. Il doit à la fois veiller au bien-être de ses collaborateurs et organiser le travail, même en mode dégradé. Le tout sur fond de télétravail généralisé. Un vrai défi.
La crise sanitaire actuelle aura au moins eu le mérite de réhabiliter le rôle du manager. Alors que, ces dernières années, il était désavoué avec la tendance au management horizontal, le cadre montre, en cette période chaotique, combien il est un rouage essentiel. À lui de « tenir la boutique » en rassurant et en mobilisant ses collaborateurs. À lui aussi de maintenir l’activité, même avec des objectifs revus à la baisse... Bien sûr, le manager doit revoir sa posture en ces temps de Covid-19. Il s’agit de veiller sur la santé de ses collaborateurs mais aussi de fédérer un collectif dont certains membres sont restés sur site quand d’autres sont à domicile, en télétravail ou en chômage partiel. Autant de situations différentes à prendre en compte afin de permettre à tous de surmonter cette période anxiogène et de maintenir l’engagement.
Le recours généralisé au télétravail change la donne
Alors que, selon une récente étude de Malakoff Médéric, seul un Français sur quatre pratique habituellement le télétravail, un nombre conséquent de salariés se sont mis, du jour au lendemain, à collaborer à distance, sans en avoir toujours les outils et les codes. C’est au manager de guider ces néotélétravailleurs sur les bonnes pratiques. Il peut, par exemple, rappeler qu’il faut maintenir sa caméra allumée en visioconférence, mais éteindre son micro quand on ne prend pas la parole.
En télétravail, la culture du « petit chef » qui contrôle les heures d’arrivée et de départ n’a plus court. Dans un lâcher-prise salutaire, le télémanager doit accorder davantage d’autonomie à ses collaborateurs. Le contrôle ne se fait plus sur le temps de présence, mais sur le travail effectué en fonction des objectifs assignés. Tout le monde ne part pas sur un pied d’égalité en matière de télétravail. Certains gagnent en productivité, quand d’autres perdent en concentration et en motivation. Le manager doit en tenir compte. De même qu’il veillera sur les employés qui, par angoisse ou crainte du chômage, se surinvestissent dans le télétravail et risquent un burn-out.
Ressentir l’état d’esprit du collaborateur
Ce management bienveillant est d’autant plus indispensable que le manager perd le contact visuel de la communication non verbale. À défaut, certains cadres recréent des moments d’échange informels comme une pause-café virtuelle tous les jours à heure fixe. D’autres prévoient des tête-à-tête hebdomadaires en visioconférence avec chaque collaborateur afin d’évoquer ses préoccupations. Psychologue du travail et consultante en organisation, Cécile Dhumes en appelle au sens du feeling du manager qui doit ressentir à distance quel est l’état d’esprit de ses collaborateurs. Sachant que celui-ci évolue. « Après l’effet de sidération de la première semaine, certains ont trouvé un certain soulagement à travailler à distance, un calme retrouvé, observe-t-elle. Pour d’autres, la situation était difficile à gérer. » Au manager d’accompagner ses troupes dans toutes les étapes de cette crise.