Emploi des jeunes

 Covid-19 : la délicate insertion des jeunes diplômés

Publié le 19/04/2021 dans Tendance RH
Un jeune apprend le métier avec ton tuteur.
© Auremar

La crise sanitaire complique l’arrivée des jeunes diplômés sur le marché du travail. Pour faciliter leur insertion, les entreprises se mobilisent et le gouvernement a triplé le montant des aides dédiées.

Une entrée retardée sur le marché du travail

Moins touchés sur le plan sanitaire que leurs aînés par le coronavirus, les jeunes diplômés sont, en revanche, durement impactés par la crise économique qui en découle. Leur entrée sur le marché de l’emploi s’en trouve retardée voire compromise. Selon la direction des statistiques du ministère du Travail (Dares), le volume des embauches de jeunes de moins de 26 ans (en CDI ou en CDD de plus de trois mois) a chuté de 14,2 % en 2020, par rapport à l’année précédente. Mécaniquement, le chômage des jeunes, sur la tranche d’âge des 16-24 ans, a progressé pour sa part de 2,6 points en un an pour atteindre 21,8 % au troisième trimestre 2020.

Le plus dur pourrait être à venir avec la multiplication des plans sociaux une fois que les entreprises ne bénéficieront plus de l’assistance des aides de l’État. D’ores et déjà, les employeurs font preuve d’une grande frilosité. Ils sécurisent leurs rares recrutements en privilégiant des candidats ayant déjà au moins un an d’expérience professionnelle, écartant de facto les jeunes diplômés. Face à l’attentisme du marché, certains ont préféré prolonger leurs études et différer d’autant leur recherche d’emploi.

La situation des quelque 750 000 jeunes arrivés sur le marché du travail en septembre 2020 est, bien sûr, contrastée. Un bon diplôme reste un précieux sésame pour traverser la période de turbulences.

La mobilisation nationale a sonné

D’autres jeunes diplômés subissent plus durement la crise et l’heure est à la mobilisation nationale. Avec le plan « 1 jeune 1 solution », le gouvernement a débloqué un budget de 6,7 milliards d’euros, soit un triplement des aides habituellement dédiées aux jeunes. Ce dispositif, reconduit en janvier, prévoit une compensation de charges de 4 000 euros pour tout jeune recruté d’ici le 31 mars et une aide de 5 000 euros pour l’embauche d’un alternant de moins de 18 ans ou de 8 000 euros s’il a plus de 18 ans. Avec la mesure « Emploi franc », une prime exceptionnelle est accordée pour l’embauche d’une jeune résidant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). Pour un CDI, elle s’élève à 7 000 euros la première année, puis à 5 000 euros par an les deux suivantes.

Renforcer l’accueil des apprentis

Les entreprises ne sont pas en reste. Réunies autour du Collectif pour une économie plus inclusive, trente-cinq grandes entreprises s’engagent à renforcer l’accueil des apprentis (l’objectif de 2020 était de 70 000 alternants). Initié par les patrons de Danone et d’Axa, ce collectif comprend notamment Carrefour, Sodexo ou Veolia.

Les initiatives peuvent être aussi locales. Mi-novembre, l’ABEA (Association bretonne des entreprises agroalimentaires), Pôle emploi et l’Apec se sont mobilisés pour l’emploi dans l’agroalimentaire. Une semaine de manifestations pour rappeler que le terroir breton nourrit un Français sur trois et qu’il reste l’un des premiers recruteurs de la région.

« Certains étudiants ont préféré prolonger leurs études et différer d’autant leur recherche d’emploi. »

Comment recrutera-t-on les jeunes diplômés en 2030 ?

L’éditeur JobTeaser, en partenariat avec le Lab RH et PageGroup, s’est livré à un exercice de prospective en interviewant plus de 50 experts RH et en sondant quelque 11 000 étudiants et jeunes diplômés européens. Objectif : évaluer les pratiques actuelles de recrutement des jeunes diplômés et leurs évolutions probables à horizon 2030.

Le diplôme restera un marqueur social fort, les recruteurs devront intégrer d’autres dimensions du candidat comme ses compétences comportementales (soft skills), valeurs et intérêts. Les métiers étant appelés à fortement évoluer dans les prochaines années, les entreprises recruteront avant tout un potentiel, faisant une croix sur le mythe du « candidat idéal ».

Les employeurs de demain devront également prendre en compte les attentes environnementales et sociétales des candidats. L’essor de l’intelligence artificielle (IA), appelée à prendre une place plus importante dans les processus de recrutement, demande davantage de transparence et d’éthique. Enfin, le schéma de l’emploi unique tombe progressivement en désuétude, les jeunes talents recourant de manière accrue au freelancing et au slashing (cumul de plusieurs emplois ou missions).